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Vivre dans un bunker

C'est dans un périmètre pavillonnaire dense de la banlieue parisienne, à la jonction de la rue de Verdun et de la rue des Alliés, qu'un couple a investi un bunker. Troublante connotation de la guerre mondiale, l'édifice de quatre niveaux de béton armé ne pratique pas pour autant l'art du camouflage. Et nous sommes loin du champ de bataille si ce n'est le jardin qui porte encore les stigmates du chantier.


Un projet béton de l'agence Wild Rabbits Architecture


À l'origine du projet, un terrain en friche. Son acquéreur laisse carte blanche à Vladimir Doray de l'agence WRA pour imaginer un lieu de vie à l'abri des regards. Neuf mois d'études plus tard, l'architecte rend ce projet béton. Stratégique, la structure massive de style militaire a été pensée de façon à optimiser les volumes et son emprise au sol sur l’étroite parcelle. Conformément à la demande du propriétaire, les ouvertures permettent à la lumière d'y faire de belles percées sans être visible du voisinage.


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Archi brute pour ambiance zen


Se cacher pour mieux se faire remarquer : c’est tout le paradoxe de cet habitat insolite qui n’est pas du goût de tout le monde. Le projet essuie un refus de permis de construire. Bien armé pour défendre sa position, l’un des maîtres d’ouvrage, exerçant dans un service administratif en urbanisme, ne capitule pas pour autant. Après un recours en référé, il gagne la bataille et s'allie avec une nouvelle architecte et un duo de maçons pour mener de front la réalisation du projet. Protégé de cette couche de béton brut, le couple vit dans leur nouveau cocon depuis un an. Leur intérieur à l'ambiance zen et monacale répond aux lignes minimales de la façade. ▪▪


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Puissent nos bétons si rudes révéler que, sous eux, nos sensibilités sont fines.

LE CORBUSIER
Un peu d'histoires : Pure coïncidence, la maison bunker située à l'angle de la rue de Verdun et de la rue des Alliés, suscite de nombreuses interrogations. L'or et la matière : Dans la cour aménagée comme un lobby d'hôtel, la finesse d'une peinture or fait corps avec le béton brut. Ambiance zen et minimale : Côté décoration, quelques éléments japonisants et indiens apportent une touche de finesse et de sophistication. Détournements : Au premier plan, la table de la salle à manger est surmontée d'un luminaire recyclé à partir de bouteilles de sodas. À l'arrière, un meuble d'outillage s'invite dans le séjour. Matières vivantes : Dans l'intégralité de la maison, le sol revêtu d'un parquet en chêne teinté posé sur lambourdes, apporte un contrepoint de chaleur. Sur les murs, le béton a été laissé volontairement brut, pour mieux en révéler les petits défauts laissés par les empreintes des coffrages en bois. Panorama grand angle : Surplombant le port de Gennevilliers et La Défense, la cuisine bénéficie d'une large ouverture horizontale à hauteur d'yeux pour observer les environs. Sous la faille, une réserve d'eau reflète la jungle urbaine. Et ce n'est pas une mince affaire, sachant que le porte-à-faux supporte plusieurs mètres cubes de béton armé !
Vue imprenable : Le toit accueille une grande terrasse à ciel ouvert offrant un panorama à 360 degrés sur la banlieue parisienne. Éternité : Pour imaginer ce lieu de vie, Vladimir Doray s’est inspiré de l'église-blockhaus Sainte-Bernadette du Banlay à Nevers, élevée sur les plans de Paul Virilio et Claude Parent, inventeurs de la fonction oblique. Arrondir les angles : Sur le toit terrasse, le béton strié a conservé l'empreinte des moules en planches de bois. Un seul et même coffrage a été retourné pour arrondir les angles rappelant les ogives et voûtes des églises. Une finition argentée lasurée révèle les aspérités de la surface pour un effet moiré. Soleil levant ! Le troisième niveau accueille une chambre et un solarium. L'érable du Japon se décline en pot ou en mobilier. Le tabouret Butterfly de Yanagi Sori réédité par Vitra en contreplaqué d'érable s'allie parfaitement au mode de couchage oriental.


Rédaction I photos © Juliette Sebille
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